CHIKH Larbi HAUTE COUTURE LE HUITIEME ART Quadrature du Cercle

Haute Couture et Quadrature

Nulle bravoure pour l’énoncer : l’humanité que l’on nomme savante n’est peut-être qu’une humanité primitive, drapée de diplômes et de titres honorifiques comme de peaux de bêtes, et qui, brandissant ses télescopes et ses fusées tels d’antiques massues de l’âge de pierre, croit sonder les cieux et en percer les mystères.
Car enfin, quelle est cette assurance hautaine qui persiste à proclamer qu’il est impossible de construire, à la règle et au compas, un carré de superficie égale à un cercle ?
Ce négationnisme docte, entretenu depuis des siècles, ne révèle point la souveraineté de la raison, mais son indigence. Il révèle une entrave cognitive, une frayeur reptilienne face à ce qui échappe aux réflexes pavloviens du savoir dogmatique.

En 1775, l’Académie royale des sciences, en proscrivant la quadrature du cercle, viola l’esprit même des Lumières, qui prescrivait d’éclairer le peuple plutôt que de l’asservir aux interdits.
En 1882, Lindemann démontra que résoudre la Quadrature du Cercle équivalait à décider si le nombre π pouvait se réduire aux entiers par le jeu restreint des opérations élémentaires : addition, soustraction, multiplication, division et racine carrée. L’entreprise se révéla impossible. La quadrature du cercle fut ainsi déclarée insoluble.

Qu’on me dise qu’aucune équation algébrique à coefficients entiers ne peut capturer π, soit. Mais réduire la quadrature à cette Bastille intellectuelle, c’est nous offrir la plus éclatante démonstration de l’omniscience humaine : une farce grotesque.

Sigmund Freud l’avait pourtant diagnostiqué : l’inconscient gouverne plus souvent qu’on ne le concède les prétendus esprits éclairés. L’histoire des sciences, ce vaste théâtre des vanités, où l’on guerroie aujourd’hui jusque contre les atomes de carbone, demeure jalonnée d’exemples où la pensée savante s’est faite captive de ses propres archétypes.

Ils publient, ils s’érigent en autorités, ils se couronnent de leurs propres lauriers. Et ils pensent que l’univers applaudit, persuadé d’assister à l’avant-garde de la pensée, quand il n’admire que le simulacre. Ce sont des singes érudits, frappant le clavier comme une pierre, s’imaginant découvrir le feu. Leur dogme est leur idole ; ils l’adorent avec la terreur superstitieuse d’un peuple primitif devant l’éruption d’un volcan ou l’éclipse du soleil. Et ce fétichisme, ils le nomment : science.

Mais la vérité, écoutez-la, car elle tonne comme l’éclair. La vérité est que la Quadrature du Cercle n’est point un obstacle infranchissable. Dieu soit loué !
Elle n’est, à parler rigoureusement, qu’un exercice de géométrie très simple, une pierre limpide que la main de l’Éternel a posée au seuil de l’intelligence humaine. Cette pierre, les siècles l’ont ensevelie sous les décombres des raisonnements orgueilleux ; cette pierre, les savants l’ont méprisée comme le caillou rejeté par les bâtisseurs, et pourtant c’est d’elle que s’élève le fondement du savoir véritable.

Sa résolution ne se livre qu’à travers l’épreuve initiatique, une ascèse sévère qui ouvre sur un champ nouveau de conscience. Il faut un esprit assez hardi pour franchir la Grande Muraille invisible que l’autorité du savoir confond avec la réalité.

Les érudits échouent, parce qu’ils s’emmurent. Les artistes triomphent, parce qu’ils s’affranchissent.

Aujourd’hui même, l’heure est venue, et déjà l’aube éclaire nos regards, où l’on va rire de cette suffisance. Car ce rire n’est pas seulement celui des hommes : c’est le rire éternel qui se joue de la vanité des mortels. En cet instant d’ici-bas, car il n’est point d’instant dans l’au-delà, les anges pleurent, les démons ricanent, l’Invisible se fait silence et la gloire des hommes s’écroule…

Mais tandis que la science se consume dans ses idoles, une autre flamme s’élève, pure et indomptable : la flamme de la Haute Couture. Car la Haute Couture n’est point une industrie profane.
Elle est la suprême noblesse de l’esprit. Elle ne se contente pas de vêtir les corps : elle absout les misères de l’âme, et lui ouvre l’accès à une beauté qui dépasse les visions terrestres pour s’approcher de la Sainte-Parure.

Chaque geste du couturier est une ascèse. Chaque coupe, un acte de rigueur quasi sacerdotale. Chaque couture est un fil invisible qui rattache le visible à l’invisible, l’apparence à l’âme, l’éphémère à l’éternel. C’est pourquoi la Haute Couture siège au sommet des arts majeurs : elle seule possède le pouvoir d’élever véritablement la conscience.

Et c’est cette élévation même qui rend intelligible ce que la science dogmatique rejette : la Quadrature du Cercle. Unir avec félicité ce qui paraît irréconciliable.

La Haute Couture et la Quadrature du Cercle sont inséparables. L’une est Art, l’autre Initiation. L’une est Saint-Graal, l’autre Pierre Philosophale. Unies, elles proclament le règne du Huitième Art. Et elles rappellent à l’homme que son destin n’est point d’être confiné à ses limites, mais d’être voué à sa transfiguration.

Là où la science conclut : « impossible », la Haute Couture répond : « inachevé ».


Car ce qui manque à la raison, ce n’est point une puissance de calcul accrue, mais une conscience exaltée. Et cette conscience ne se conquiert pas par l’accumulation servile du savoir, ni par la mécanique répétition de l’apprentissage, mais par l’expérience du sublime, celle que seul le Huitième Art accorde à l’humanité.

CHIKH Larbi le 13 septembre 2025.

Haute Couture et Quadrature; Manifeste ontologique de l’union de la Beauté et de la Vérité.

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